Noël est une fête chrétienne, s'pas? En êtes vous certains? Sûr sûr? Regardons ça d'un peu plus près pour voir.
D'abord il y a la date. Le 25 décembre était le jour du Soleil Invaincu, une fête romaine du solstice d'hiver qui représentait un amalgame de dieux solaires de cultes variés. Ce n'est pas avant le IVe siècle que la célébration de la naissance de Jésus l'a assimilé. D'ailleurs les jours qui précèdent et suivent le solstice d'hiver font l'objet de fêtes et de rituels dans à peu-près toutes les cultures de l'Antiquité, et sont invariablement associés au culte du soleil.
Puis, il y a l'arbre. Les tribus germaniques vénéraient Yggdrasill, un arbre mythique qui portait le monde. Pour lui rendre hommage, les rois suspendaient des animaux sacrifiés aux branches d'arbre, tandis que les pauvres accrochaient des fruits ou autres offrandes.
Le Père Noël: alors là on nage en pleine ratatouille. Si le Saint-Nicolas original était chrétien (et grec), il a pas mal changé au cours des siècles: la mythologie nordique, le folklore germanique, Charles Dickens y ont tous apporté leur contribution. Un certain Samuel Moore lui a donné son traîneau et ses rennes dans un poème, un illustrateur du magazine Harper's Weekly l'a affublé de son costume rouge, une campagne publicitaire des magasins à rayons Macy's lui a ajouté un neuvième renne (Rudolph), et une autre campagne publicitaire, celle de Coca-Cola cette fois a fixé l'image pour la postérité.
La confusion est telle que les hollandais ne savent plus à quel saint se vouer: la moitié d'entre eux offrent leurs cadeaux le jour de la Saint-Nicolas (leur traditionnel Sinte Klaas), la moitié le jour de Noël (Santa Claus) et la moitié les deux. C'est un bordel complet, alors contentons-nous de trancher le noeud gordien et d'établir un constat incontournable: le Père Noël a que dalle à voir avec Jésus, et son origine n'est pas plus biblique que celle de Barney le dinosaure.
Les cadeaux: peut-être pensez-vous que l'échange des cadeaux commémore l'offrande d'or, d'encens et de myrrhe des Rois Mages à la Sainte Famille? Peut-être; mais d'un autre côté, les romains observaient déjà cette coutume lors de leurs saturnales.
Le gui? Plante sacrée des druides, il porte des fruits à l'époque du solstice d'hiver, et servait à leurs rituels de nouvel an. L'habitude de s'embrasser sous le gui nous vient de Scandinavie, où il était considéré comme la plante de la paix; les ennemis qui se rencontraient sous des branches de gui déposaient les armes et observaient une trève jusqu'au lendemain. Et pour faire une histoire courte, la bûche de Noël aussi nous vient des Scandinaves, ainsi que les bas sur la cheminée. Et les guirlandes. Et la coutume de chanter des cantiques de porte à porte (bon, c'est fini? Commence à m'énerver ces scandinaves).
Reste la crèche. Bon, il y a Marie, Joseph, le petit Jésus, on commence enfin à voir le lien. Il y a aussi les Rois Mages, mais ils ne sont pas rois dans l'Évangile, pas plus qu'on y indique combien ils sont et comment ils s'appellent. Il n'y a pas d'âne, pas de boeufs; il y a bien des anges, mais probablement pas d'étoile – celle-ci est apparue pour guider les mages, mais ne semble pas visible du site alors que ce sont en fait des anges qui ont averti les bergers du coin.
Quand à l'Enfant-Jésus, le fait de le représenter comme un bébé d'environ un an peut être mis sur le compte de la licence artistique (c'est pas très joli un nouveau-né), mais les yeux bleus et les boucles d'or nous renvoie encore une fois directement au culte du dieu solaire, surtout Apollon. Parce que le Jésus original, hein, il était comme tous les autres hébreux: brun foncé avec les yeux noirs.
Alors, la prochaine fois qu'on vous les casse avec des histoires de "cet héritage chrétien" qu'est la fête de Noël, vous pourrez vous permettre de ricaner en douce.
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