Ben oui, un mois depuis mon dernier post. Mais d'la marde, dorénavant je m'en fous, je posterai quand j'en aurai envie.
Dans le film "Stupidity", diffusé il y a quelque temps sur la CBC, le réalisateur tente de répondre à la question: "Qu'est-ce que la stupidité?" Einstein a déclaré une fois "Je ne connais que deux choses qui soient infinies: l'univers et la stupidité humaine. Mais pour l'univers, je ne suis pas certain". Karl Marx voyait en la stupidité une force tangible, ayant une influence réelle sur le cours de l'Histoire qui ne le cédait en importance que sur la guerre et le capital - et qui, si je peux me permettre de rajouter une parenthèse, ne sont rien d'autre en réalité que des manifestations de cette stupidité. Mais si bien des gens ont parlé de la stupidité, personne n'a jamais réellement jusqu'à maintenant tenté de la définir.
Est-ce que la stupidité n'est rien d'autre que l'absence d'intelligence, ou est-ce qu'il y a autre chose? Comment expliquer les énormités proférées par les politiciens, qui malgré toutes les farces que l'on peut faire sont loin d'être des épais (ben oui, même Bush!). À écouter parler Raêl, on a l'impression qu'il n'a pas la moitié du Q.I. minimum pour avoir le droit de vote dans son propre système de géniocratie. Pourtant, aussi invraisemblable que ses âneries puissent être, il a réussi à les faire avaler à ses adeptes. Quand quelqu'un réussi à faire croire à des millions de personnes, sans la moindre parcelle de preuve, que les extra-terrestres ont un message à donner à l'humanité entière mais n'en ont parlé qu'à lui et lui seul, c'est qu'en quelque part on a affaire à un véritable génie de la manipulation.
Mais s'il est si brillant, comment peut-il ne pas voir la débilité profonde de ses propos? Comment tous les gourous, les chefs d'états, les démagogues de radios poubelles peuvent posséder une intelligence souvent au-dessus de la moyenne et en même temps dire autant de niaiseries? Et surtout, y croire réellement à ces niaiseries?
Vers la fin du film, un des intervenants (j'oublie malheureusement son nom) établit un parallèle entre la croyance et la stupidité. Selon lui, aucun humain ne peut réellement saisir l'univers dans toute sa complexité. Alors nous établissons ce qu'il appelle un 'schéma', un ensemble de principes et d'explications simplistes qui servent à nous donner l'illusion d'avoir tout compris. Ce schéma nous réconforte en quelque sorte, en ramenant les grands mystères de la vie à une échelle plus humaine, moins intimidante, et un réflexe est de chercher à le protéger; ainsi, toute information qui tend à confirmer ce schéma sera assimilée, tandis que toute information qui le contredit sera rejetée.
De là à dire que toutes les religions sont stupides, il n'y a qu'un pas que je franchis allègrement pour l'avoir déjà fait il y a belle lurette - sauf que là ce n'est dorénavant plus une opinion personnelle mais un fait scientifiquement démontré - oui oui... bon, peut-être pas, mais presque. Mais on peut aller encore plus loin et appliquer le même principe aux idéologies politiques, aux sous-cultures, aux pseudo-sciences, aux fan-clubs de tout genre; ce ne sont finalement que des religions déguisées, et fonctionnent selon le même principe: on se fait une idée préconçue, puis l'on adapte les faits à cette idée: c'est le principe même de la croyance. Et plus les faits sont accablants, plus la logique des crédules sera forcée à des acrobaties abracadabrantes afin de les adapter à leur croyance.
Prenons un exemple concret: l'affaire Michael Jackson. D'un côté, on a son fan-club dévoué, et de l'autre son anti fan-club. Ses fans croyaient dur comme fer en son innocence depuis le début; de leur côté, ses détracteurs étaient convaincus en sa culpabilité depuis le début. Suite au verdict, alors que ses fans jubilaient, on pourrait penser que les partisans de la culpabilité se l'était fourré dans l'oeil jusqu'aux omoplates, mais ils avaient déjà leur explication toute faite: il a été innocenté parce qu'il est noir, ce n'était que du "political correctness". Mais s'il avait été reconnu coupable? Pas de problème: les partisans aurait tout de go affirmé qu'il a été inculpé parce qu'il est noir, ce n'était que du racisme.
Dans un cas comme dans l'autre, on a adapté les faits à notre croyance, sans trop se soucier du principe de parcimonie. Avant même que débute le procès, sans qu'aucun des deux camps en présence n'aie été mis au courant des éléments de preuves de l'affaire, le verdict avait déjà tombé, indéniable et inflexible, et basé strictement sur les préférences musicales, sur les petites voix dans leurs têtes, sur les révélations de l'Esprit Saint, va savoir... bref sur toute sortes de raisons qui n'ont strictement rien à voir avec l'affaire.
D'un côté comme de l'autre, on peut voir qu'on a finalement affaire à la même gang de morons. C'est ça qu'il y a de particulier avec la stupidité: elle ne choisit pas son camp. Idiots de gauche, idiots de droite, idiots blancs, idiots noirs, pro-américains ou anti-américains, croyants ou athées, séparatistes ou fédéralistes... Un épais sera toujours un épais, et il aura toujours tort, même lorsqu'il a raison, parce qu'il a été tout bêtement chanceux, et après tout, même une horloge cassée va donner l'heure juste deux fois par jour.
Y a t-il vraiment un lien entre la croyance et la stupidité, ou est-ce qu'au fond on a affaire à un seul et même phénomène? Le mot crédule vient du latin credere, qui veut dire "croire". Pensez-y.
Là-dessus, bonne St-Jean-Baptiste.
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