Le chat est libre; le chien est en laisse. Le chat va et vient à sa guise, se promène de cour en cour et sait qu'elles sont différentes; le chien ne sort que rarement de son enclos. Quelquefois il est privilégié, et peut voir les terrains avoisinants au-delà de sa clôture grillagée, mais il est le plus souvent enchaìné derrière une clôture et ne peut voir à travers. Tout ce qu'il voit à longueur de journée est cette clôture et les 20 mètres carrés de gazon qu'elle entoure, et il finit à la longue par se convaincre que cette clôture et ce gazon constitue l'ensemble de l'univers. Le chat a vu des centaines de cours et grimpé sur des centaines de clôtures, et perché sur celles-ci il peut contempler tout le voisinage et rire de tout ces braves toutous s'époumoner au bout de leur laisse.
Le chien est un bon toutou obéissant; lorsque le papatron lui demande la papatte, le bon toutou obéit et donne la papatte. Lorsque le chat se fait demander la papatte, il regarde le crétin de papatron comme s'il arrivait de la planète Mars; puis il se tourne tranquillement et s'en va, comme pour dire au papatron "C'est ça. Parle à mon cul". Le chat n'a ni dieu ni maître, et surtout pas de papatron.
Le chat aime bien aller narguer le chien: il se perche sur une clôture juste hors de sa portée et se tord de rire en voyant le chien manquer de s'étrangler en essayant de l'attraper. Il faut le voir s'époumonant comme un con à vouloir ameuter tout le quartier: il aimerait tant attraper ce salaud de chat mais celui-ci connait la longueur exacte de la laisse, et il est tranquillement assis trois centimètres trop loin, les yeux mi-clos et la queue qui branle nonchalamment; il fait exprès le p'tit crisse. Le chien est hors de lui: "Ouah ouah! C'est mon territoire! Mon poste! Ma niche! Mon nonosse! T'auras pas ma place!" Le chien est fort brave et défend son territoire avec diligence, mais il est pas vraiment futé; il devrait savoir que le chat a horreur des laisses.
Le chat ne daigne même pas répondre; qu'est-ce qu'il peut faire, aboyer? Le chien ne va qu'aboyer avec plus d'ardeur. C'est tout ce qu'un chien sait faire, aboyer et mordre. Le chien ne se pose pas de questions, il voit quelqu'un et il aboie, c'est tout. Il ne sait même pas trop pourquoi il aboie en fait, mais il croit qu'il faut aboyer alors il aboie. Ce n'est qu'un automatisme, un réflexe conditionné auquel il obéit sans y penser. Le chien ne réfléchit jamais, il réagit. C'est peut-être à force de porter une laisse: ça entrave la circulation sanguine vers le cerveau, surtout lorsque le chien prend bien soin d'attacher le dernier bouton de sa chemise sous la laisse.
Va petit chien, va. Attrape le bâton. Assis. Donne la patte. Tu es un bon toutou bien dressé. Renifle bien le derrière du papatron, t'auras un nonosse.
Les chats sont plus malins que les chiens.
0 niaiserie:
Publier un commentaire